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Tour du monde de Mélanie et Florent

Rencontres sur le plateau des Bolovens

Rencontres sur le plateau des Bolovens

Après 16 heures de bus nous sommes arrivés à l’aube à la gare routière de Pakse. Nous avons rejoints le centre-ville en Tuk tuk et après avoir savouré un petit café et un croissant, nous avons loué un scooter pour faire en 3 jours le tour du plateau des Bolovens.

C’est Eric, un ami de Florent, qui nous avait conseillé d’y faire étape pour les paysages mais aussi pour rendre visite à Vieng, propriétaire d’une petite plantation de café. Quelques mois auparavant lors d’un séjour en Asie du Sud-Est, Eric l’avait aidé à construire un toit afin qu’il puisse développer une activité d’hébergement pour les touristes.

Le plateau des Bolovens est connu pour ses nombreuses plantations de café, hévéa, et ses nombreuses cascades d’eau. Le climat y est un peu moins clément qu’en plaine.

La petite boucle que nous avions décidé de parcourir fait environ 180 km et permet d’apprécier les charmes de la région en parcourant des petits villages traditionnels. En chemin, la route était tellement poussiéreuse que Flo a achété des superbes lunettes Ray Ban assorties à son casque.

Le style !

Le style !

La première cascade que nous avons visitée s’appelle « Tad Paxuam », mais nous l’avons rebaptisé la « cascade chocolat » du fait de la couleur de l’eau. Il faut payer une petite entrée pour pouvoir se balader sur le site. Il y a un restaurant assez chic (que nous n’avons pas testé) et un musée grandeur nature avec des habitats traditionnels Laos dans lesquels vivent plusieurs familles et vendant de l’artisanat local.

La cascade chocolat

La cascade chocolat

Après avoir parcouru environ 60 km depuis Pakse, nous avons repéré la pancarte « Coffee and Homestay » nous indiquant la maison de Vieng dont Eric nous avait parlé. Vieng a 30 ans, sa femme Noy en a 27 ans et ils ont deux filles : Noun et Ning de respectivement 6 et 7 ans. Ils vivent dans une maison en bois de deux étages sur construite sur pilotis, très simplement équipée mais aussi très agréable à vivre.

Après avoir bu un petit café issu de sa production, nous l’avons aidé à trier des grains de café pendant qu’il nous expliquait les différentes étapes de sa préparation.

Préparation des grains de café : La première étape consiste à récolter les grains (environ 9 à 11 mois après la floraison pour le robusta). Il faut ensuite retirer l’écorce rouge du fruit manuellement ou avec une machine, laver immédiatement les grains pour retirer la chaire gluante puis faire sécher 10 jours environs en prenant soin de bien les retourner régulièrement. Pendant ce temps il faut trier les grains : un travail long et pénible qui nécessite beaucoup de patience pour retirer un à un les mauvais grains (noirs, amer, mal décortiqués). Une fois toutes ces étapes réalisées, les grains peuvent être torréfiés.

Vieng nous a emmenés visiter sa plantation : il possède des arbres à café Robusta et des arbres à café Libérica, une variété moins répandue du fait de la plus faible demande sur le marché. Il produit également un peu d’Arabica, mais comme ces arbres nécessitent des altitudes plus élevées pour se développer, il achète directement les grains à d’autres producteurs. Ensuite, pour chaque famille d’arbre il existe différentes variétés de cafés comme le Jawa, le Sinouk…mais nous ne sommes pas experts dans ce domaine.

Vieng nous a aussi expliqué les différentes méthodes de préparation des grains de café : il produit du 100 % lavé, c’est pour cela que le café est lavé, décortiqué, trié, c’est la méthode la plus contraignante mais qui produit le meilleur café. Le Robusta produit ainsi se vend plus de 100 000 KIP/kg (environ 10€/kg).

A l’inverse une autre méthode consiste à séché les grains au soleil à même le sol sans même en retirer l’écorce, les grains sont ensuite vendus à des usines. Cette méthode réduit considérablement la quantité de travail mais le café se vend dix fois moins cher (aux alentours de 10 000 KIP/kg pour du Robusta et environ 9 000 KIP/kg pour le Libérica).

Séchage naturel des grains de café au soleil

Séchage naturel des grains de café au soleil

Les fourmis rouges constituent un véritable problème : elles font des nids dans les arbres en agglomérant quelques feuilles entre elles dans une sorte de toile d’araignée. Utiliser des produits insecticides ou le feu pour les tuer reviendrait à abîmer l’arbre, c’est pourquoi Vieng a pris l’habitude de les écraser manuellement. Il nous a fait la démonstration avec petit nid pour nous faire sentir la très forte odeur que dégagent les fourmis pour se défendre, impressionnant!

Un nid de fourmis dans les feuilles de café

Un nid de fourmis dans les feuilles d’un caféier

En fin de journée, nous avons aidé Noy à éplucher des cacahuètes qui sont ensuite grillées et vendues aux touristes qui s’arrêtent chez eux. Nous sommes restés diner et avons passé la nuit en compagnie d’autres touristes. Noy nous a préparé de très bonnes nouilles sautées, très copieuses mais parfaites pour se remettre de la journée de scooter. Nous avons dormi avec une famille d’anglais avec deux jeunes enfants sur des matelas à même le sol, protégés par des moustiquaires de couleur bleu blanc rouge !

Moustiquaires aux couleurs de la France

Moustiquaires aux couleurs de la France

Le matin, une fois les autres touristes partis, Vieng nous a invités à rester pour partager le repas avec lui. Il nous a confié ses projets : depuis un peu plus d’un an, il a décidé de diminuer ses activités agricoles (plus de récoltes de bananes ni de riz) pour améliorer la qualité de son café biologique. En plus de la culture des cacahuètes il veut se tourner davantage vers le tourisme avec une petite offre d’hébergement et la vente en direct de ses produits. Vieng a aussi des projets d’extension pour pouvoir accueillir davantage de monde mais il lui faut trouver du temps pour les réaliser.

Vieng a aussi pour projet d’acheter une civette : un animal à mi-chemin entre une belette et un chat sauvage. Elle ingère le fruit du caféier mais ne digère que la pulpe. Des enzymes contenues dans ses sucs gastriques débarrassent le grain de son amertume et l’enrichissent d’arômes apparentés au caramel. C’est dans ses excréments qu’il faut aller rechercher les grains, qui sont à l’origine d’un des cafés les plus chers et recherchés au monde.

Ce café encore assez méconnu est à priori excellent et se vend à des prix inimaginables: à New York une boutique vend les fèves 340 dollars les 500 g. Vieng cherche donc à faire l’acquisition d’une civette afin d’essayer d’améliorer ses revenus. Pour le moment, il n’a pas réussi à en acheter une vivante car la plupart des producteurs qui ignore la valeur de ce café le voit comme un nuisible et le tue. Elles sont ensuite vendues au marché pour leur viande.

Pour déjeuner, nous avons donc eu l’occasion de goûter de la civette et c’est très bon. Vieng nous a aussi fait manger du rat : « rat des champs », un peu différent de ceux que l’on peut trouver dans le métro parisien. Ici et sûrement suite aux périodes de guerre c’est devenu un plat que les gens du coin consomment régulièrement. Nous n’avons pas trouvé ça bon car c’est plein de petits os et car c’est du RAT ! mais heureusement Noy l’avait cuisiné avec un peu d’épices…

Bon appétit !

Bon appétit !

Avant de partir nous lui avons montré comment se servir d’un ordinateur que lui a confié un ami allemand. Nous lui avons laissé les photos prises et des vidéos en anglais. C’était amusant de voir à quel point toute la famille était fascinée par nos explications.

Peu après, nous avons repris la route en direction du village de Tad Lo. Nous nous sommes arrêtés au sommet d’une grande cascade où des laotiens et un français étaient en train de pique-niquer. Ils nous ont offert du poisson cuit au barbecue et des nouilles de riz, un vrai régal. Nous sommes ensuite allés nous baigner avec eux en amont de la cascade.

Et plouf !

Et plouf !

Arrivés à Tad Lo, nous nous sommes installés dans une charmante petite chambre avant d’aller admirer les cascades du village. Nous serions bien restés plusieurs jours ici, mais il nous fallait ramener les scooters.

Cascades de Tad Lo

Cascades de Tad Lo

Le dernier jour nous avons relié Tad lo à Pakse en passant par la cascade de Tad Niang, notre préférée. Là, nous avons fait la rencontre du patron : un Laotien ayant vécu en France la majeure partie de sa vie et qui à sa retraire est rentré au Laos pour monter une affaire. Il a acheté 21 ha de plantations de café autour de la cascade et obtenu le lieu en concession pour 10 ans. Il y a fait construire un bon restaurant et il est en train de monter un village pour les artisans. Grâce à du volontariat, il a aussi créé une école pour donner des cours d’anglais aux enfants du coin. Ses relations avec certains ministres l’ont grandement aidé au développement de son activité.

Nous avons passé une bonne partie de l’après-midi à discuter avec lui, il nous a raconté pas mal d’anecdotes comme la raison pour laquelle certains paquets de cigarettes laotiens sont aux couleurs de la France : le directeur de la marque est français! Il nous a offert un petit verre d’alcool fort avant la tombée de la nuit et nous sommes retournés sur Pakse prudemment car il y avait de nombreuses cultures sur brûlis qui propageaient de la fumée sur la route.

Après une bonne nuit de sommeil nous avons embarqué dans un bus en route pour les 4000 îles sur le Mékong, notre dernier stop au Laos avant d’entrer au Cambodge.