Randonnées autour du lac Khövsgöl: avant la neige

L’étape à Moron (petite ville de 30 000 habitants) fut l’occasion pour nous de prendre une journée de repos et de faire une folie : passer la nuit dans un hôtel avec une douche chaude et un grand lit confortable ! Nous en avons aussi profité pour nettoyer nos vêtements et faire une petite balade dans la ville et notamment au Black Market, un grand marché qui regroupe aussi bien de la nourriture que des vêtements ou des pièces détachées de motos. Des vendeuses nous ont proposé de goûter une sorte de fromage fait à base de crème de lait séchée de yack,or il était tellement dur qu’on n’a pas pu le manger!

Flo au Black-Market de Moron

Le lendemain nous avons embarqué dans un minivan pour Hatgal, la ville la plus proche du lac de Khovsgol. Nous avons quitté la ville à 18h (seulement 2 heures après l’heure prévue mais on commence à avoir l’habitude, :-))et notre chauffeur s’est arrêté environ toutes les 10 minutes pour distribuer des cigarettes ou de la vodka… On a même perdu un bout de pare choc en quittant la route pour aller rejoindre des ramasseurs de sel au bord d’un lac.

Le lac de sel

Il nous a déposés de nuit devant la Guest House « Bonda Lake ». Ce n’était pas là que nous avions prévu de dormir initialement mais trouver un autre lieu dans un village plongé dans l’obscurité paraissait peu évident, nous avons donc décidé de rester. Nous y avons rencontré un américain qui revenait de 10 jours de treks autour du lac mais aussi Marc et Néréa, un couple d’espagnols déposés eux aussi par leur chauffeur. Le gérant de la Guest House a probablement de bonnes relations avec les chauffeurs du coin!

La pièce commune de la Guest House n’est pas très chaleureuse  :  juste une table et quelques chaises, de vieilles cartes affichées au mur, quelques livres et un poêle bien apprécié vu la fraicheur extérieure. Nous avons cuisiné des nouilles chinoises et partagé du poisson fumé acheté au marché de Moron avec Marc et Néréa avant de prendre place dans nos quartiers.

Nous avons eu la chance de disposer d’une yourte  pour nous tous seuls, avec un grand lit double et bien sûr un petit feu pour nous réchauffer l’atmosphère. Cependant une fois celui-ci éteint, la fraicheur de la nuit se fait vite sentir, car Hatgal se situe à  d’altitude et la température à cette saison descend aux alentours de 0°C la nuit. De plus les yourtes des camps sont des yourtes d’été, en témoignent la présence d’un gros trou autour de la cheminée du poêle et le manque d’isolation des parois : il fait donc vite froid à l’intérieur. Là encore nous avons pu apprécier nos bons sacs de couchage!

Le premier jour nous nous sommes baladés dans Hatgal sous le soleil et nous avons pu apprécier la bonne cuisine servie dans la guesthouse Garage 24 dans laquelle nous avions prévu de dormir initialement : des spaghettis bolognaises et des burritos. A notre retour à l’auberge, nous avons retrouvé Nico et Aurélia, qui venaient d’arriver le matin même (le monde est en fait tout petit). Ils nous informèrent qu’ils allaient partir le lendemain pour une randonnée à cheval de 6 jours autour du lac. N’ayant pas assez de temps sur place pour partir avec eux, nous avons de notre côté organisé un trek de 4 jours avec les espagnols et un coréen nommé « Bo »,  répartis en 2 jours à pieds et 2 jours à cheval avec 2 nuits en tente et une nuit dans une yourte.

Marc, Néréa, Gana, Méla, Flo et Bo

Lors de nos deux premiers jours à Hatgal nous avons pu nous rendre compte que les Mongols dans la région ont une consommation d’alcool impressionnante : dans les petits magasins du village que nous avons visité le rayon Vodka occupait en général un quart de la place alors qu’il fallait chercher longtemps pour trouver une bouteille d’eau. Nous avons même décompté environ 2 fois plus de bouteilles dans les magasins que d’habitants dans le village. Le premier soir Flo a même retrouvé le gérant de la guesthouse bourré, allongé par terre dans la cuisine en train de téléphoner. Le matin de notre départ, les guides étaient déjà à la vodka et à la bière, et on a dû nous aussi boire un shot avant de partir pour le trek! Ce qui permet au moins d’affronter le froid.

Nous avons quittés l’auberge sous une fine pluie avec notre guide Gana et un cheval pour porter nos affaires. D’après les habitants du coin, le temps n’allait pas trop s’arranger et il était très probable qu’il se mette à neiger par conséquent notre programme fut un peu changé afin de nous permettre de dormir dans des yourtes plutôt que dans les tentes. Au bout de quelques minutes seulement nous fîmes un premier arrêt dans un magasin pour acheter de la vodka (deux bouteilles quand même) à offrir à la famille chez qui nous allions dormir le soir. Ce n’est pas forcément le cadeau que l’on préfère faire mais notre guide semblait catégorique sur le choix.

Sur le chemin nous avons fait plus ample connaissance avec tout le monde tout en parcourant de très beaux paysages, et notamment les forêts de Mélèzes dont les épines tombées formaient un magnifique tapis jaune sur le sol.

Nous avons pu assister à la construction d’une yourte sous la pluie lors de notre premier arrêt, et c’est impressionnant de voir avec quelle rapidité elle fût montée. Nous en avons aussi profité pour nous réchauffer et nous restaurer car les habitants nous ont offert du thé au lait et du pain avec la crème de lait à tartiner dessus. Ces deux éléments semblent constituer la base de l’alimentation dans la région.

Nous avons atteint notre destination en fin d’après-midi après trois heures de marche à bon rythme: une yourte d’éleveurs de yacks, où nous avons à nouveau retrouvé Nico et Aurélia (leur guide à cheval étant le propriétaire et leur programme ayant été bousculé par le mauvais temps également). Après avoir à nouveau consommé du thé et du pain à la crème, l’heure était venue d’offrir une première bouteille de vodka. A peine offerte elle fût partagée directement avec nous et vidée en à peine 15 minutes, heureusement que nous n’avions pas encore offert la seconde. Au total nous étions 11 dans la yourte : 7 touristes, Gana notre guide et la famille composée des parents et de la plus jeune fille. Les 2 plus grands enfants ont rejoint Hatgal en moto pour être sur place pour l’école le lendemain.

La moto : un moyen de transport 4 places ! (Marc’s picture)

Les Yacks qu’ils élèvent sont évidemment en totale liberté, la journée ils vont paître aux alentours et c’est à cheval et à moto que le troupeau est regroupé et ramené autour de la yourte le soir. Nous avons ainsi pu assister à des scènes de la vie du Yack en liberté, qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes.

La présence des yacks males en liberté n’est pas non plus forcément très rassurante lorsque l’on veut aller aux toilettes et qu’il fait nuit…surtout que les Yacks aiment venir lécher le pipi chaud.

La yourte est équipée d’un panneau solaire avec une batterie ce qui permet de fournir suffisamment d’électricité pour s’éclairer le soir et de temps en temps faire marcher la petite télé. Les panneaux solaires sont très répandus dans les campagnes Mongoles car ils sont l’unique moyen d’accéder à l’électricité. Le reste de la yourte comprend quelques petits meubles, le traditionnel poêle et deux petits lits simples plutôt spartiates, ici pas de matelas, simplement des planches en bois recouvertes d’une vieille couette pour le confort.

Pour le diner, Gana avait apporté de la viande de Yack pour cuisiner un Tsuivan avec la mère. Et ce fut pour nous l’occasion de voir qu’il existe des plats mongols qui sont vraiment très bons !

Après le repas nous avons offert la seconde bouteille de vodka, qui fût elle aussi bu dans les minutes qui ont suivies, mais une fois le ventre plein tout est plus simple. Puis nous nous sommes mis en configuration pour dormir, ce qui n’est pas forcément évident vu l’aménagement intérieur d’une yourte et la peur de dormir trop près du poêle! Après installés des matelas de fortune sur le sol nous sommes parvenus à un consensus pour pouvoir tous dormir du mieux possible, même s’il est vrai qu’il ne faut pas être gêné par la proximité!