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Tour du monde de Mélanie et Florent

SaPa : rencontre avec les Hmong noirs

SaPa : rencontre avec les Hmong noirs

Nous étions à la recherche d’un petit hôtel lorsque Hong nous a interpelés, intrigué par notre Minsk jaune. Hong est un passionné de Minsk, un des derniers loueurs à utiliser cette moto pour des expéditions, et il est connu dans tout le nord du Vietnam. Comme Flo avait de plus en plus de mal à changer les vitesses, il nous a proposé d’y jeter un coup d’œil et de réparer ou changer les pièces défaillantes. Il nous a proposé d’inspecter ainsi les roulements, les freins, et la boîte de vitesse pour des raisons de sécurité (nos freins n’étant pas vraiment efficaces) et pour plus de tranquillité lors de la suite de notre voyage. Nous étions d’accord à condition que les réparations ne coutent pas trop cher, car sinon il nous paraissait préférable de revendre la moto et prendre le bus.

Il était cependant difficile pour lui de déterminer l’étendue des réparations avant d’avoir démonté, nous nous étions donc entendus sur un montant maximum de 2 millions de VND (soir 74 euros). Nous avons également décidé de l’assister pour les réparations le premier jour et de lui laisser la moto pendant que nous irions nous balader autour de SaPa. Nous avons ainsi passé le reste de la journée chez Hong à l’observer et l’assister en cas de besoin, une bonne manière pour nous d’apprendre à réparer nous-même et de vérifier le sérieux de son travail.

Malheureusement pour nous, à chaque étape du démontage, une nouvelle surprise nous attendait : morceaux de plastiques pour éviter que la chaine (trop détendue par l’âge) ne touche, freins bricolés pour paraître moins usés, roulements qui ne tournent plus vraiment ronds, etc. La conclusion était évidente, nous nous sommes faits roulés à l’achat de la moto, son état mécanique laissait sérieusement à désirer : elle avait été « bricolée » mais jamais véritablement entretenue. Les réparations ont donc durées plus longtemps que prévu et le soir, Hong et sa femme (qui était sur le point d’accoucher) nous ont proposés de dîner avec eux, ce que nous avons accepté avec joie. Le repas était excellent : riz, morceaux de poulets au curry, petits légumes…

Dehors un épais brouillard était tombé sur la ville et la visibilité était réduite à à-peine 10 m.

Epais brouillard sur la place de l'église de Sa Pa

Épais brouillard sur la place de l’église de Sa Pa

Sur les conseils de Cinta, une amie et ancienne collègue de Méla nous avons décidé de partir randonner les deux jours suivants avec Julie la petite guide Hmong que nous avions rencontré à notre arrivée. Le lendemain matin, laissant la moto entre de bonnes mains, nous sommes donc partis à sa rencontre. En choisissant de partir avec elle nous allions à l’encontre des panneaux affichés dans les hôtels indiquant qu’il est interdit de partir avec les Hmong et qu’il existe des guides officiels Vietnamiens. Ces avertissements sont probablement dus au fait l’argent gagné par les Hmong ne rapporte pas un centime au gouvernement. Cependant personne ne semble vraiment les suivre car un grand nombre de touristes partent visiter avec des guides Hmong.

Julie est un tout petit bout de femme : elle doit mesurer 1,5 m grand maximum. Elle a aujourd’hui 40 ans, mariée à 17 ans alors que son mari n’avait que 14 ans. Ensemble, ils ont eu 4 enfants.

Méla avec petite Julie

Méla avec petite Julie

Elle est facilement reconnaissable avec ses habits traditionnels Hmongs noirs.

Julie sous son parapluie pour se protéger du soleil

Julie sous son parapluie pour se protéger du soleil

Julie parle le dialecte Hmong, elle ne sait ni lire ni écrire mais cela ne l’a pas empêché d’apprendre à parler vietnamien. C’est en servant de guide pour les touristes qu’elle a appris à parler un anglais rudimentaire mais suffisant, et quelques mots d’accroche dans plusieurs autres langues dont le français : « bonjour ; ca va? ; Je m’appelle Julie… »

Nous avons marché plusieurs heures dans les montagnes et au travers des rizières pour rejoindre son village. Elle nous a montré différentes plantes et expliqué leurs usages, elle nous a aussi montré la manière dont elle et ses amies du village tresse le chanvre avant de l’utiliser pour faire les costumes traditionnels.

Préparation du Chanvre pour la fabrication des habits traditionnels

Préparation du Chanvre pour la fabrication des habits traditionnels

Le long du chemin nous avons été surpris de voir autant de plastiques et déchets. Nous avions déjà pu observer que les vietnamiens avaient tendance à jeter leurs déchets par terre, ce qui explique que le long des routes et aux abords des villages les bas-côtés sont souvent très sales. C’est d’autant plus choquant d’observer que c’est aussi le cas en pleine nature, surtout lorsque celle-ci est aussi réputée pour ses beaux paysages. Pour la défense des Hmong, ils vivent de manière plutôt isolés du reste de la population et n’ont donc pas de vrai moyen de gérer leurs déchets.

Au bout de 2h30 de marche le temps s’est gâté et le brouillard est tombé, comme la veille. Nous n’avons ainsi pas vraiment pu profiter des paysages de rizières en terrasse que nous étions censés voir avant d’arriver au village de Julie.

De nouveau un épais brouillard...

De nouveau un épais brouillard…

C’est en milieu d’après-midi que nous sommes arrivés dans sa maison en bois entourée de rizières. C’est une maison très sommaire à deux niveaux qui comprend une pièce principale, un coin cuisine avec un trou dans le sol pour faire le feu (malheureusement il n’y a pas de cheminée donc la fumée se propage dans toute la maison), un coin pour faire la vaisselle et se laver, 3 lits pour les enfants dont un à l’étage qui sert aussi de lieu de stockage notamment pour les sacs de riz, et une petite chambre pour les parents. Les toilettes sont situées à l’extérieur de la maison dans une cabane en bois. La maison en elle-même est très sombre car il n’y a pas de fenêtre, la seule lumière provenant de la porte d’entrée qui reste ouverte dans la journée, et de quelques ampoules lorsque la nuit tombe.

Le mobilier de la maison est réduit au strict minimum : deux mini-tabourets, trois petites chaises en plastiques, une table en bois retirée après chaque repas meublent la pièce principale. Julie était fière de nous montrer qu’elle avait la télé depuis peu. Nous n’avons pas eu l’occasion de rencontrer son mari, parti plusieurs jours dans les montagnes pour de la cueillette et de la chasse.

Julie et sa famille mangent du riz à tous les repas, avec des accompagnements comme des épinards, de la salade voir même des nouilles instantanées! De temps en temps ils se permettent un peu de tofu, de viande ou de poisson mais cela reste assez rare. A noter que pour nourrir toute sa famille toute l’année, ils ont besoin d’environ 15 à 20 sacs de riz d’environ 80 kilos. Nous avons donc mangé du riz à tous les repas également y compris le petit déjeuner.

Ils vivent donc grâce à leurs récoltes de riz (qui lorsqu’elle est bonne leur permet de tenir toute l’année), la cueillette dans les montagnes et des objets qu’ils fabriquent et vendent : Julie coud des habits, des portes monnaies, des taies d’oreiller etc. et son mari fabrique  des bracelets en métal.

Nous avons passé la nuit dans le lit à l’étage et avons eu le droit à une moustiquaire, plutôt bienvenue étant donné le niveau d’humidité au milieu des rizières. L’humidité est d’ailleurs le seul vrai désagrément : dormir dans des couvertures humides n’est pas des plus agréables. Nous sommes repartis le lendemain matin en direction de Sa Pa, le brouillard s’était dissipé et nous avons pu admirer les alentours sous le soleil. Nous avons traversé des villages traditionnels Hmong et vu des paysages vraiment superbes, cependant cette partie du Vietnam est devenue vraiment très fréquentée et le long du chemin nous avons croisé beaucoup d’autres touristes : ce qui explique la présence de nombreux magasins d’artisanat divers et variés : sculptures, sacs etc.

De retour à Sa Pa nous avons trouvé Hong qui en train de finaliser les réparations sur la moto. Au final elles nous aurons coutées 3 millions de VND, soit un tiers de plus que prévu, mais disons qu’avec les vietnamiens et la quantité de réparations à faire c’était prévisible.

La place de l'église

La place de l’église

Le lendemain nous avons repris la route pour Quanh Binh, mais dès la sortie du village, la moto a eu un comportement bizarre, elle manquait de puissance et le moteur broutait. Nous sommes donc retournés chez Hong pour qu’il nous règle le problème. Malheureusement, il n’était pas disponible car il s’apprêtait à rejoindre sa femme à l’hôpital et son fils, né la veille au soir. Nous avons donc attendus 3h qu’il revienne et qu’il puisse s’occuper de la moto. Il a nettoyé le carburateur et nous sommes repartis.

Etant donné qu’il était déjà tard et qu’il faisait nuit vers 17h30, nous avons choisi d’aller passer la nuit à Lao Caï. Les 35 km de SaPa à Lao Caï sont exclusivement en descente, nous ne nous sommes pas aperçus avant d’arriver quasiment à destination que la moto broutait toujours. Comme il était trop tard pour faire demi-tour nous avons appelé Hong qui nous a donné l’adresse d’un mécano sur place qui connaissait les Minsk. Celui-ci est venu à notre l’hôtel, il a de nouveau démonté le carburateur mais sans succès. Piégés, nous sommes allés le lendemain dans son garage.

Hong ayant déjà tout vérifié sur la moto, ils en ont déduits que le problème venait du moteur et du fait que nous avions « serré » celui-ci en montant à SaPa, et qu’il fallait donc changer le piston et le cylindre… soit encore 1,8 millions de VND, une journée de perdue et une nuit de plus à Lao Caï, ville où nous n’avions vraiment pas envie de s’attarder! Un peu à bout de nerfs avec l’impression de se faire balader et arnaquer à droite à gauche, nous nous sommes disputés avec Hong au téléphone. Pour nous, le moteur fonctionnait à notre arrivée Sa Pa et après son intervention ce n’était plus le cas, c’était donc à lui de prendre en charge une partie des réparations, mais forcément ce n’était pas de sa faute. Nous avions envie d’abandonner la moto sur place et de prendre un bus, mais après avoir acheté une moto et payé une petite fortune pour la faire réviser et réparer (relativement au niveau de vie local), il nous était dur de lâcher prise. Nous avons finalement accepté de faire ces réparations en croisant les doigts pour que ce soient les dernières!

Réparation du moteur

Réparation du moteur

Nous avons été invités à partager le déjeuner avec le mécano et sa famille, ce qui était très gentil de leur part. Comme chez Hong le repas était très bon, mais cette fois nos hôtes ne parlaient pas du tout anglais. Pour nous aider à communiquer sa fille de 7 ans nous a prêté un livre d’école pour apprendre l’anglais : nous nous en sommes donc servis comme dictionnaire. Néanmoins les gestes, le regard, les attitudes permettent déjà de faire passer beaucoup de messages. Et avec un peu de recul, les désagréments avec la moto nous ont quand même permis de passer de bons moments avec des locaux.

A la fin de la journée et une fois le moteur changé, le moment tant attendu de l’essai était arrivé. Flo a donc enfilé son casque et il est parti faire un petit tour avec, et là surprise! Le problème était toujours présent : la moto broutait encore ! Grrr… Mais comme le mécano avait passé une journée entière à réparer le moteur il nous était impossible de refuser de payer, surtout si nous voulions qu’elle fonctionne à nouveau normalement… un jour! Après différents essais et une heure de tâtonnement, le mécano s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un problème électrique. En fait Hong avait rebranché un câble afin de réparer le bouton servant à couper le moteur, sauf que celui-ci semblait faire surchauffer le boitier électrique. Le vendeur d’Hanoï nous avait conseillé de ne pas le brancher et de stopper le moteur en enclenchant une vitesse et en le faisant caler. La solution à notre problème était en fait bien plus simple qu’un changement de moteur! Cependant au Vietnam il nous était impossible de faire un recours donc nous nous sommes délesté d’1,8 millions de VND comme prévu au départ.

Nous sommes rentrés à notre hôtel, et le lendemain matin après une bonne nuit de repos nous étions de nouveau sur la route…

C'est reparti :-)

C’est reparti 🙂

7 Commentaires

  1. j’ai bien ri de votre aventure moto j ‘ai l ‘impression d’y ëtre dans la galère …,j ‘ai tiré la photo « c’est reparti » vous rayonnez de joie moi aussi c’est un feilleton aussi passionnant que ‘plus belle la VIE’
    gros bisous .revenez – nous entier.

  2. Coucou à vous et meilleurs voeux de la part de nous 4 !
    J’espère que cette petite moto jaune va vous accompagner jusqu’au bout !!
    Bisous et continuez, votre blog est super.

    Valérie, Lionel, Nicolas et Paul

  3. Que d’aventures ! Vous dans le brouilard, nous sous la neige ! J’espère que le bolide roule désormais sans encombre …
    Bisous à tous les deux

  4. Bonne année les chéris !

    Je viens de rattraper mon retard de lecture.
    Génial ! J’ai hâte que vous publiez les prochains articles.

    Bisous bisous

  5. hello, mamy je ne suis pas d’accord c’est bien plus passionnant que PLUS BELLE LA VIE c’est passionnant j’adore bisous a tous les 2. Je vous admire!!

  6. Bonjour Mélanie,

    Je prends le train en route, ou plutôt la moto !
    Un petit coucou en passant, vous avez l’air de vous éclater, malgré quelques désagréments…
    Bonne continuation, je repasserai de temps en temps.
    Grosses bises à vous deux

    • Merci Édouard pour ton petit message. Effectivement on s’amuse bien : on découvre pleins d’endroits sympas et on rencontre pleins de gens au fil du voyage