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Tour du monde de Mélanie et Florent

Phnom Penh, ancien fief des khmers rouges

Phnom Penh, ancien fief des khmers rouges

La première centaine de kilomètres en mini-van pour rejoindre Phnom Penh se passe sans encombre, la route est de bonne qualité et pour une fois nous avons un siège chacun. Mais la bonne surprise est de courte durée car nous nous arrêtons à une station-service où le chauffeur nous demande de monter à bord d’un autre mini-van qui est déjà plein ! Tout le monde râle mais finit par se résigner : c’est un bon moyen pour les chauffeurs de réduire leurs frais et pour nous de limiter nos impacts sur l’environnement.

Nous nous retrouvons donc à 20 personnes plus les bagages dans un véhicule de 12 places. Flo est assis dos à la route sur une planche de bois de 20 cm (fixée derrière les places avant) et Méla partage son siège avec 2 autres Cambodgiennes. Le chauffeur attache tant bien que mal les bagages à moitié en suspension dans le vide, le coffre restant ouvert, et trois personnes prennent place au-dessus des bagages. Vive la sécurité !

Quelques minutes après être repartis notre chauffeur s’arrête pour prendre deux autres passagers sur le bord de la route : nous serons donc 22 pendant les 4h de trajet qu’il nous reste, entassés comme des sardines et pris dans les embouteillages causés par les nombreux travaux à l’approche de la capitale. Nous n’avons pas pu prendre de photo car impossible de bouger un bras pour atteindre l’appareil. En bref encore un voyage que l’on n’est pas près d’oublier !

Nous arrivons de nuit à Phnom Penh et sautons directement dans un tuk-tuk, à la recherche d’un hôtel dans le quartier autour du marché Orussey où nous espérons retrouver Vladimir et Loréa. Nous sommes surpris de voir dans les halls d’hôtels plusieurs sapins de Noëls alors qu’il fait chaud et que nous sommes en Asie. Les Cambodgiens en très grande majorité bouddhistes ne fêtent pas Noël, mais il semble qu’ils s’adaptent pour faire plaisir aux touristes.

Noël à Phnom Penh

Noël à Phnom Penh

Une fois installés, nous nous rendons devant le marché pour commander des cocktails de fruits frais et de quoi manger. A la première gorgée nous faisons tous les deux la grimace : le commerçant a visiblement ajouté du durian dans le mélange. Le durian est un fruit dont l’odeur particulièrement forte ressemble à celle de « vieilles chaussettes portées plusieurs jours par temps chaud ». Il est tellement nauséabond qu’il est interdit d’en apporter à l’hôtel où dans les bus.

Interdiction durian

Preuve à l’appui !

Nous ne sommes pas trop fines bouches d’habitude, mais là il nous était impossible de boire sans avoir la nausée. Le commerçant remarque notre malaise et nous propose gratuitement de nous refaire un cocktail. Nous demandons cette fois-ci un fruit shake à la banane…mais qui se révèle lui aussi impossible à boire ! Nous en concluons qu’il a utilisé le mixeur sans le rincer, le durian ayant une odeur si persistante qu’il est impossible de faire abstraction. Les nouilles commandées en parallèle n’étant vraiment pas terribles, ce n’est donc définitivement pas notre soirée.

Le lendemain, sans nouvelle de Vlad et Loréa, nous retrouvons Paul, un ami de Florent qui vit et travaille au Cambodge depuis plusieurs mois déjà. Pour nous remettre, il nous emmène au marché russe (le marché artisanal de la ville) pour manger un Bun Bo avec des nems vraiment très bon.

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Marché russe

Visiter Phnom Penh, c’est aussi apprendre l’histoire récente du pays et notamment les 4 années de terreur du règne de Pol Pot et des Khmers rouges, responsables d’un véritable génocide qui a décimé plus de 20 % de la population du pays entre 1975 et 1979. Le chiffrage du nombre de victimes est un travail difficile et sur lequel les historiens ne sont pas encore parvenus à un consensus mais les estimations tournent autour de 2 millions de morts.

Pol pot : dirigeant politique et militaire des Khmers rouges, partisans d’un communisme radical.

Lorsque les Français se retirent d’Indochine en 1954, le roi Norodom Sihanouk est nommé à la tête de l’État et la monarchie est restaurée au Cambodge. Comme plusieurs de ses contemporains, Pol Pot s’oppose au nouveau pouvoir et entre dans un parti communiste qui deviendra par la suite le parti communiste du Kampuchéa, l’organe politique des Khmers rouges qu’il gouvernera.

Pol pot a commencé par vider les villes et obliger la population à travailler dans des camps de rééducation dans des campagnes reculées. Beaucoup sont morts de fatigue, malnutrition ou de maladies dans ces prisons sans murs. Durant son règne les « élites » ont été systématiquement traquées, « identifiées », torturées et exécutées, simplement car ils parlaient des langues étrangères ou qu’ils portaient des lunettes (par exemple).

Nous sommes allés visiter le musée du génocide S21 « Toul Sleng » qui donne véritablement la chair de poule et une bonne idée des atrocités humaines commises par le régime des khmers rouges. Cette ancienne école fût convertie en prison où les soi-disant ennemis d’Etat, leurs familles, leurs enfants et même leurs bébés ont été torturés et exécutés. Au total plus de 15000 personnes sont entrées ici, avant d’être enterrées dans des fosses communes. Seules 7 personnes sont sorties vivantes de cet enfer, s’ayant attiré les sympathies des gardes ou ayant su se rendre utile à un moment opportun.

La plupart des anciennes cellules sont vides avec une photographie au mur d’un détenu exécuté dans la pièce, ce qui rend l’atmosphère particulièrement difficile à supporter. Parfois elles contiennent juste un sommier de lit en métal, une boîte a excréments, des chaînes ou des objets de torture, autant d’éléments qui permettent au visiteur d’imaginer l’horreur.

 Au rez-de-chaussée, on peut voir des centaines de photos en noir et blanc des victimes. Les prisonniers étaient photographiés à leur entrée et après leur exécution afin de prouver que les ennemis de l’état avaient été tués. La majorité de celles exposées sont des portraits de détenus à leur arrivée, dont les regards sont difficilement soutenables, d’autres montrent des corps torturés et sont particulièrement choquantes. C’est un lieu sinistrement chargé d’histoire, qui prend aux tripes d’autant plus que ces atrocités ont eu lieu il y a moins de 40 ans.

Pour en savoir plus sur cette période noire de l’histoire Cambodgienne, on nous a recommandé le livre : « D’abord ils ont tué mon père » écrit par Loung Ung et paru en 2000. A l’époque des Kmers rouges, elle n’était qu’une enfant : elle raconte son histoire et celle de sa famille.

Le palais Royal où reposait le corps de l’ancien roi du Cambodge Norodom Sihanouk, décédé en octobre à l’âge de 89 ans d’une crise cardiaque, n’était pas ouvert aux visites lors de notre passage du fait de la construction d’un  mausolée ou son corps embaumé sera brulé. Partout, des photos à son effigie sont visibles sur les bâtiments officiels et les murs de la ville. Ce roi aura marqué histoire du pays pour ses réalisations comme l’accession pacifique du pays à l’indépendance de la colonisation française en 1953 et son rôle dans la conclusion des accords de paix de Paris en 1991 qui ont marqué la fin des guerres civiles dans le pays.

Photo de l'ancien roi sur les bâtiments officiels

Photo de l’ancien roi sur les bâtiments officiels

Nous sommes allés dîner dans un restaurant traditionnel que Paul nous avait recommandé, dans lequel nous avons dégusté du bœuf « sauce fourmis rouges » et un plat de larves d’abeilles.

Larves d'abeilles

Larves d’abeilles

Ces plats peuvent surprendre ou voir même dégoûter  d’autant plus que les fourmis rouges sont entières dans l’assiette, mais ils sont véritablement bons !

Le lendemain nous avons déjeuné avec Paul avant de rejoindre Vlad et Loréa pour visiter le musée National à proximité du Palais Royal. Le musée permet d’avoir un premier aperçu de la grandeur des temples d’Angkor et regroupe plusieurs de leurs statues.

Musée National du Cambodge

Musée National du Cambodge

A notre sortie, nous poursuivons sur le même thème en allant boire une bière Angkor bien fraîche à la terrasse d’un café : la température à Phnom Penh au mois de décembre dépassant facilement les 30°C.

Nous décidons ensemble de quitter la ville dès le lendemain pour nous rendre à Siem Reap et découvrir ce qu’il reste de ces fameux temples.

Au réveil, nous vivons notre première mauvaise expérience du voyage : en faisant notre sac pour quitter l’hôtel, nous n’arrivons pas à mettre la main sur notre livre électronique et notre petite caméra étanche. Après avoir fouillé minutieusement la chambre nous réalisons que nos affaires ont été volées pendant notre absence, très certainement par le personnel de l’hotel. Nous descendons nous plaindre à la réception, où les responsables prennent un air surpris et ne trouvent rien d’autre à nous répondre que « ah bon ! vous avez perdus quelque chose? »

Nous refusons de leur payer la chambre, donc le ton monte. Après une dizaine de minutes d’échanges houleux, nous comprenons que nous n’avons aucune chance d’avoir gain de cause. Ne pouvant nous attarder d’avantage de peur de manquer notre bus, nous décidons de payer et partir avant que ça ne tourne mal. Nous quittons Phnom Penh dégoutés, en pensant que nous aurions dû être plus vigilants.

3 Commentaires

  1. Que de souvenirs !!! Je vois que S21 vous a fait le même effet qu’à Alex et à moi. Fabienne n’avait même pas souhaité y aller de peur de ne pas pouvoir gérer… Une page d’histoire dont on ne parle pas assez.

    Tu n’aimes pas le Durian ? Je ne comprends pas, vraiment 😀

    Un chouette moment en tout cas, et un plaisir de lire vos aventures 😉

  2. Non seulement je n’ai pas souhaité y aller mais les filles ont été assez chouettes pour ne pas non plus m’en parler à leur retour de cette visite. Ce que j’avais lu sur S21 m’avait déjà terrifié, je lis à nouveau que je ne m’était pas trompée !
    Lors de notre voyage, nous avons également été surprises par quelques attitudes « spéciales » dans ce pays, faites-vous confirmer que vous avez bien compris ou qu’ils ont bien entendu ce que vous souhaitez car sinon vous risquez d’avoir encore qq déboires !
    Plein de bisous à tous les 2 et bonne continuation.

  3. Hello!

    OK, je re-debarque sur le blog apres plusieurs mois d absence et comme je suis en retard dans la lecture de vos aventures, je vais y aller « au pif »! C’est vraiment dommage que cet episode a Phnom Penh se soit mal fini…
    Aussi concernant l’arrivee de Pol Pot au pouvoir, j’ajouterais un autre point: Sihanouk a ete renverse par un coup d etat militaire (soutenu par les Etats-Unis). Sihanouk est ensuite parti se refugier en Chine ou il a demande de l’aide a Mao qui a alors appuye le communisme radical de Pol Pot… On dit que Mao s’est servi de Pol Pot (« Polital Potential ») pour tester si ce communisme radical pouvait fonctionner afin de l’appliquer en Chine!

    Bref, cet episode de l’histoire cambodgienne a marque et continue de marquer son peuple.

    Allez, mon prochain commentaire sera plus joyeux 🙂
    Bisous
    Maly

    PS. Le durian, en dessert chaud avec du riz gluant et lait de coco, c est autre chose, je vous assure! Je prefere pour ma part.