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Tour du monde de Mélanie et Florent

Le Laos, pays au million d’éléphants (2/2)

Le Laos, pays au million d’éléphants (2/2)

Grâce à la visite du petit musée du centre et de nos discussions avec les volontaires du camp comme Karla, la jeune vétérinaire originaire de République Dominicaine, nous avons pu apprendre beaucoup sur ces animaux fascinants. Pour les anglophones, nous vous conseillons de lire aussi le blog de Karla : landofelephants.blogspot.com

Les éléphants que nous avons pu observer sont des éléphants d’Asie : ils sont plus petits que les éléphants d’Afrique et sont reconnaissables également grâce à la forme de leurs oreilles : celles des éléphants d’Afrique représentent le continent africain tandis que celles des éléphants d’Asie ont la forme de l’Inde.

Eléphant d’Asie ou d’Afrique selon vous ?

Tout d’abord quelques chiffres: un éléphant d’Asie pèse entre 2 et 5 tonnes, il mange en moyenne 230 kg par jour de bambous, branches et végétaux en tout genre ce qui lui prend environ 18 h par jour. Sa trompe possède plus de 150 000 muscles, pèse environ 150 kg à l’âge adulte et lui permet d’attraper aussi bien une pièce de monnaie qu’un tronc de 250 kg.

En Asie, chaque éléphant domestiqué  a un cornac (ou mahout) qui est à la fois le maître, le guide et le soigneur de l’éléphant. C’était autrefois un métier prestigieux qui se transmettait de génération en génération: quand un enfant de la famille du cornac atteignait l’âge de 5 ans, on lui associait un jeune éléphant de 2-3 ans environ, ainsi, ils grandissaient ensembles ce qui créait une relation forte entre les deux individus. L’espérance de vie de l’homme et de l’éléphant étant à peu près similaire (entre 70 et 80 ans), le cornac s’occupait de l’éléphant tous les jours de sa vie. Il était formé par ses aînés et apprenait à diriger sa monture sans avoir recours à la violence. Le cornac dirige son éléphant en étant assis sur le cou de l’animal et communique avec lui par l’intermédiaire de mots, de gestes et de mouvements de pieds.

Malheureusement cette vocation tend à disparaître car « qui souhaite aujourd’hui dédier sa vie à un animal ? » faisant passer le statut de cornac de vocation à un « métier comme un autre ». Ils sont employés par des entreprises privées l’exploitation forestière ou le tourisme. Les jeunes cornacs sont bien souvent inexpérimentés et peuvent ressentir de la peur devant un mammifère de 4 tonnes : ce qui explique qu’ils ont souvent recours à la violence (usage du fameux crochet) pour dompter l’éléphant.  De plus un cornac peut décider d’arrêter ou être licencié, il faut alors trouver un nouveau cornac à l’éléphant mais les caractères ne sont pas toujours compatibles…

Un éléphant coûte 25 000 $US environ, c’est pourquoi il appartenait souvent à une ou plusieurs familles qui se cotisaient pour l’acheter. L’éléphant constitue bien souvent la seule source de revenus, une des raisons pour lesquelles l’espèce est en danger: si un éléphant tombe malade : abcès, maladie, blessure au pied… les cornacs attendent souvent le dernier moment pour intervenir car tant que l’éléphant est capable de se lever, c’est qu’il peut travailler et rapporter de l’argent. Le centre de conservation est en conséquence souvent prévenu trop tard lorsqu’un éléphant est malade.

Quelques mois avant notre arrivée au centre, un éléphant est mort de maladie : le cornac avait attendu le dernier moment pour prévenir le centre et comme l’animal ne pouvait plus se lever il fallait un camion pour le transporter jusqu’au centre. Sauf que les laotiens croient fortement aux esprits et personne ne voulait transporter l’éléphant malade dans son véhicule de peur qu’il ne meurt pendant le trajet (et que ses 32 esprits ne lui portent malheur). Ils ont donc mis plus d’un mois pour trouver un moyen de ramener l’animal jusqu’au centre. Le vétérinaire a fait tout ce qu’il a pu pour le soigner mais il était trop tard et l’éléphant est mort après quelques semaines de traitement.

Par ailleurs, si le cornac possède une femelle, il est peu probable qu’il souhaite la faire se reproduire car entre la gestation qui dure 2 ans et les premières années de vie du jeune éléphant, cela représente minimum 4 ans durant lesquels l’éléphant ne pourra pas travailler.De plus la mise au mâle coûte cher (environ 1000 dollars).

Le musth : les mâles sont sujets en général 1 fois par an à une période de musth : pique hormonal (le taux de testostérone peut être 60 fois supérieur à la normale) durant lequel l’animal devient très agressif et dangereux envers les humains et les autres éléphants. Le cornac doit alors l’attacher dans la forêt et uniquement l’approcher pour vérifier que tout va bien. La période de musth peut durer entre 3 semaines et 6 mois, autant de manque à gagner pour le propriétaire. Faire payer la mise au mâle est donc un moyen de compenser la perte financière liée au musth.

Le centre tente de participer activement à la préservation de l’espèce grâce à :

– une clinique vétérinaire et des déplacements chaque mois dans une ville différente du pays pour recenser les éléphants grâce à des puces électroniques, faire de la prévention et prodiguer des soins à ceux qui en ont besoin. Le vétérinaire fait également des interventions d’urgence lorsque cela est nécessaire.

– le centre organise des cours pour les jeunes cornacs afin de leur apprendre à manier leurs éléphants sans les brutaliser,

– 5 éléphants appartenant au centre : quatre femelles et un mâle qui ont été offerts au centre par une riche américaine. Parmi les femelles, 2 seulement sont en âge de procréer. Leurs cornacs sont logés avec leur famille et reçoivent un salaire.

– l’accueil gratuit des éléphantes pendant leur période de gestation et les deux premières années de vie des éléphanteaux, avec en parallèle le versement d’un salaire aux cornacs et l’hébergement au centre de leur famille.

–  la possibilité pour les cornacs de venir mettre au mâle gratuitement leurs femelles. Ils recevront également un salaire et une habitation.

Le mâle avec ses défenses

Le mâle avec ses défenses

Malgré tous les efforts de l’ECC, il est très difficile de faire venir des cornacs et leurs éléphants au centre pour des soins ou la reproduction. Ils persistent à vouloir les faire travailler jusqu’au bout.

Grâce au programme pour les bébés le centre héberge 2 mamans et leurs petits. Nous avons pu les observer depuis le bateau au moment du bain. Malgré leur jeune âge, ils sont déjà dangereux car ils pèsent déjà plus de 200 kg et sont très joueurs, raison pour lesquelles on ne le approche pas. Les éléphanteaux n’ont pas encore de nom, la tradition veut qu’à l’âge de 3 ans on leur présente plusieurs cannes à sucre sur lesquelles des noms sont inscrits, permettant à l’éléphanteau de choisir lui-même.

Le centre emploi au total 22 personnes, majoritairement des locaux et accueille quelques volontaires  du monde entier. Par ailleurs, il y a au maximum une douzaine de touristes en même temps au camp donc l’ambiance est très conviviale.

Nous avons eu l’occasion d’y rencontrer Jake, un photographe américain ayant travaillé pour CNN et au coté de quelques célébrités mondialement connues comme Brad Pitt (qui au passage nous a aussi pris en photos ;-)). Vous pouvez retrouver certains de ces clichés sur http://www.jakeherrle.com. En voici quelques unes, merci à lui:

Les revenus du centre sont multiples: ONG dont la principale est Elephant Asia, dons et les quelques touristes qui visitent le camp comme nous. Ils ne reçoivent aucune aide du gouvernement, bien au contraire. A la fin de chaque contrat avec des ONG, le gouvernement saisit l’ensemble des biens de l’association : véhicules, médicaments… C’est pourquoi le centre a aussi créé une société privée qui possède notamment les éléphants, les bungalows et infrastructures pour l’accueil des visiteurs comme nous, un minimum que le gouvernement ne pourra pas saisir.

Nous avons eu l’occasion d’observer le bain des femelles qui a lieu deux fois par jour. C’est un moment magique et il est amusant de voir ces gros pachydermes jouer et s’arroser dans le lac. C’est une étape très importante dans la journée d’un éléphant car il boit en moyenne 120L d’eau par jour, dont une grande partie pendant la baignade.

Le soir, après la baignade, le cornac doit emmener son éléphant dans la jungle et trouver un endroit où il dispose d’assez de nourriture pour la nuit. En effet étant domestiqué, l’éléphant n’est jamais vraiment libre : en journée une laisse est fixée à la base de son oreille et la nuit une chaîne d’environ 30 m de long relie une de ses pattes avant à un arbre suffisamment gros pour qu’il ne puisse l’arracher.

Nous avons suivi l’un d’entre eux dans la jungle mais nous avons eu beaucoup de mal à nous frayer un chemin étant donné la densité de la végétation. L’éléphant est impressionnant dans la mesure où il peut passer partout de manière extrêmement silencieuse : seul le bruit des branches qu’il casse nous permet de l’entendre. Ils ont au-dessus des coussinets une couche de cartilage qui amorti le choc à chacun de leurs pas.

Le matin, le cornac retourne chercher son éléphant, nous sommes donc retournés chercher notre éléphante le lendemain après avoir pris un rapide petit déjeuner. Elle avait déjà mangé une bonne partie de la végétation autour de son point d’attache et lorsque nous sommes arrivés nous ne pouvions ni la voir ni l’entendre. A l’appel du cornac elle est lentement revenue vers nous et à notre surprise c’est elle qui a tiré sa chaîne afin de la replier jusqu’au point d’attache.

Le centre dispose de 106 ha de jungle au bord de l’eau, mais en à peine à peu plus d’un an, les éléphants ont mangé une importante partie de la végétation et il est donc primordial de replanter.

Tout a été mangé autour de Flo

Quand l’éléphant passe, tout trépasse!

En dehors des temps d’observation des pachydermes au bain, au dressage ou en forêt, nous avons pu faire une petite balade à dos d’éléphant (la seule pour eux de la journée).

Flo en balade

Flo en balade

Nous avons également profité du bateau du centre pour aller nous baigner dans le lac et profiter du coucher de soleil dans ce magnifique paysage.

Pour ponctué notre séjour le matin suivant nous avons fait une petite marche en forêt sur les traces de Bouddha. C’est une ballade qui mène à une soit disant « empreinte du Bouddha ». Il y en aurait 7 au Laos mais nous n’avons pas pu en savoir plus sur leur histoire.

En plus du cadre et des activités ces trois jours furent l’occasion de déguster plusieurs plats locaux préparés uniquement à partir de produits frais du marché, tous délicieux. Il est également possible de faire un séjour de 6 jours puis devenir volontaire au camp. N’hésitez pas à aller rencontrer ces pachydermes dans leur milieu naturel. Pour plus d’informations : http://www.elephantconservationcenter.com

Nous avons passé trois jours inoubliables à l’ECC, Méla a même versé sa petite larme en partant (comme à plusieurs reprises depuis le début du voyage quand nous quittons un lieu ou des gens que nous avons particulièrement aimés).