Pages Navigation Menu

Tour du monde de Mélanie et Florent

Hanoï : premières épopées vietnamiennes

Hanoï : premières épopées vietnamiennes

Nos aventures vietnamiennes ont commencé à la sortie de l’aéroport d’Hanoï avec les transports locaux pour rejoindre le centre-ville. Après avoir acheté nos tickets nous sommes montés dans un bus en compagnie de 3 autres personnes. Le bus était quasiment vide et le chauffeur n’avait pas l’air décidé à partir, il souhaitait rentabiliser son trajet… Après environ 25 minutes d’attente, nous avons décidé de prendre un taxi afin de ne pas passer toute l’après-midi à l’aéroport. Avant de retrouver le chauffeur pour nous faire rembourser nos tickets, un minibus est arrivé et le chauffeur nous a fait signe de monter en nous expliquant qu’il faisait le même trajet pour le même prix. Nous lui avons donc expliqué que nous avions déjà acheté des tickets, ce à quoi il a répondu qu’il n’y avait aucun problème, que c’était pareil (sous-entendu qu’il faisait partie de la même compagnie de bus)… Arrivés devant notre hôtel, il nous a bien évidemment demandé de payer! Malgré nos arguments et les explications d’une vietnamienne qui était avec nous dans le bus, il n’a rien voulu entendre. Il a simplement fini par nous avouer qu’il n’avait pas compris nos explications donc nous avons dû repayer notre trajet…bref un bon début!

Ces premiers soucis de communication mis de côté, nous étions heureux de retrouver une ville de taille raisonnable après les mégalopoles chinoises et Hong Kong. L’ambiance de joyeux bazar nous a tout de suite plu : des deux roues absolument partout, à toute heure et surtout une conduite qui semble n’être régit que par la règle « éviter les autres et priez pour qu’ils vous évitent ». Nous avons aussi apprécié d’être entourés de maisons basses et non plus d’immeubles de 30 étages ou plus.

La circulation à Hanoï

L’effervescence d’Hanoï sur les routes

Nous avions décidé de prendre un hôtel dans le vieux quartier d’Hanoi en attendant que June, la couchsurfeuse chez qui nous avions initialement prévu de séjourner, rentre de déplacement professionnel. Le personnel qui gérait l’hôtel était vraiment très sympa et la localisation idéale pour se balader dans le centre-ville, les petites rues commerçantes et faire le tour du lac Hoan Kiem. C’était aussi original de devoir toujours marcher sur la route car les trottoirs sont impraticables étant donné qu’ils servent aussi à garer les deux-roues.

Nous avions lu qu’une visite à Hanoï devait traditionnellement s’accompagné d’un spectacle de marionnettes sur l’eau donc nous nous sommes rendus au théâtre Thang Long Water Puppet. C’est un spectacle plutôt original avec de belles marionnettes, cependant malgré les traductions en anglais du narrateur, il est parfois difficile de faire le lien entre les scènes et les explications qui les accompagnent !

Quelques personnages du spectacle de marionettes

Quelques personnages du spectacle de marionnettes

Les marionnettes sur l’eau constituent un art populaire très répandu dans le delta du Fleuve Rouge. Né au 12ème siècle, ce théâtre fit partie sans doute, à l’origine, des rites d’invocation de la pluie chez les cultivateurs de riz en terrain inondé, avant de devenir un divertissement populaire. Il est généralement joué à l’occasion du nouvel an (Têt) dans les mares situées devant les maisons communales, rassemblant les spectateurs de tout âge du village. La scène est une étendue d’eau derrière laquelle se trouve la chambre des montreurs. C’est à partir d’ici que les marionnettistes, à moitié plongés dans l’eau et cachés derrière un rideau de bambou, manipulent les comédiens en poupées par un mécanisme fait de perches, de tiges, de gaines et de charnières. Un spectacle de marionnettes sur l’eau est animé par plusieurs « personnages ». Chacun de ces personnages est une sculpture, différent des autres et revêtu d’un caractère propre.

Le lendemain Flo a expérimenté le « coiffeur » : pas facile lorsque l’on ne connait pas la langue pour expliquer la coupe idéale. La coiffeuse a commencé à lui couper les cheveux sans les mouiller, mais comme la tondeuse tombait en panne toutes les 30 secondes elle a finalement opté pour un shampoing. Flo a ensuite prié pour que la tondeuse tienne le coup jusqu’au bout, c’était la seule du salon! Peu après, nous sommes allés nous faire masser à proximité de l’hôtel… un début de journée très tranquille avant d’entreprendre une grande marche dans la ville. Nous avons vu le mausolée d’Ho Chi Minh, les grands lacs au nord du vieux quartier ainsi que leur pagode puis nous sommes rentrés par le quartier des ambassades.

L’effervescence des rues surprend lorsque l’on arrive à Hanoï : des restaurants, cafés et même les bars s’étalent sur les trottoirs avec des petites tables et tabourets en plastique, on se croirait constamment en train de faire la dinette! Cette animation crée une bonne ambiance et tout le monde se retrouve le soir pour manger ou boire. Nous avons aussi pu observer les gens vivres  littéralement dans leurs magasins, on peut notamment les observer diner au milieu des fringues,  souvenirs, ou dans les salons de coiffures.

Un soir, nous avons retrouvé Viet un couchsurfer de 27 ans, tout jeune papa de 22 jours pour boire un verre avec une de ses collègues. Suite à une blessure à la jambe l’empêchant de continuer son métier de guide touristique, Viet a monté sa propre agence de voyages pour les touristes Vietnamien. Lorsque nous lui avons parlé de notre souhait de parcourir le Nord du Vietnam il nous a demandé pourquoi nous ne le faisions pas en moto, meilleur moyen selon lui de visiter le Vietnam.

L’idée nous a plu, donc nous nous sommes renseignés sur Internet sur la législation en vigueur sur le pays, et malheureusement le permis français et le permis international ne sont pas reconnus au Vietnam. Il faut théoriquement faire traduire ses papiers avant de pouvoir partir à l’aventure (ce qui prend à minima 10 jours sur place). Nous nous sommes dit que la nuit porterait conseils… Le lendemain au réveil notre décision était prise : nous allions parcourir le nord du Vietnam à moto sans traduction de permis ! Selon les locaux, nous ne risquions pas grand-chose car les touristes sont rarement arrêtés notamment car les policiers ne parlent pas bien anglais. La seule chose à éviter (permis en règle ou pas), c’est l’accident.  En effet, en cas de problème avec des locaux, les étrangers auront toujours en tords face aux vietnamiens, et cela peut vite s’avérer très cher si les dégâts sont corporels… Nous étions donc prévenus!

Viet s’est proposé de nous aider à acheter une moto pour éviter de payer une location pendant 15 jours et il pourra aussi nous aider pour la revendre à notre retour. Pour plus d’authenticité, il nous a conseillé d’acheter une Minsk, très adaptée et populaire dans le nord du Vietnam pour ses aptitudes dans la montagne.

La Minsk est la dernière moto deux temps rescapée du bloc soviétique des années 50. C’est aussi la seule moto cross qui a un siège confortable permettant de faire du tourisme. Elle a été conçue pour les routes de montagnes boueuses, les pentes escarpées… et pour tous les passages où il n’y a pas de route. Les Minsk ont été importées au Vietnam au départ comme utilitaire notamment dans les zones rurales et comme les scooters aujourd’hui, il n’était pas rare de voir une Minsk transporter 3 cochons, 20 poulets, 7 personnes ou effectuer un déménagement. C’est une moto « robuste », « facile à réparer », et à priori la plus appropriée pour découvrir le nord du Vietnam.

Nous avons donc prévu de rencontrer un réparateur spécialisé dans les Minsk, cependant en attendant qu’il arrive, nous sommes allés manger des noodles dans un resto de quartier avec des amis de Viet et un couple de couchsurfers espagnols qui étaient chez lui. Alors que nous étions en plein repas, Viet nous a indiqué qu’à la table juste derrière nous, les gens étaient en train de manger du chien. Au Vietnam c’est relativement courant, et d’après Viet 90 % des gens en mange ou en ont déjà mangé ; c’est d’ailleurs un met relativement cher. Voyant nos têtes à l’annonce du menu, nos voisins nous ont donné de bon cœur quelques morceaux de saucisse, foie et viande afin que nous puissions goûter à tout. Le chien étant déjà cuisiné et inévitablement destiné à être mangé, nous avons accepté de gouter même si ce fut dur de se lancer. Pour nous, c’était vraiment parce que l’occasion s’est présentée et plus par curiosité que par envie car nous ne l’aurions jamais commandé de plein gré. Le goût de la viande se confond avec celui du bœuf, donc ce n’est pas mauvais… cependant le fait de savoir que c’est du chien empêche de prendre du plaisir à manger. C’est donc une expérience que nous ne retenterons pas.

Méla en pleine découverte...

Méla en pleine découverte…

Nous avons ensuite passé l’après-midi à regarder des mécanos (voir plutôt bricolos) bidouiller une Minsk verte… pour finalement vers 16h décider d’acheter une jaune. Les motos semblaient toutes deux vraiment vieilles et usées mais tout le monde nous a répété que la Minsk était un modèle fiable. Ils ont ensuite réparé le phare, un cale-pied, le système électrique, ajouté un porte-bagages et la plaque d’immatriculation. Après encore 2 bonnes heures et un essai final nous avons acquis le bolide pour 150 euros avec un petit document plastifié attestant que nous étions propriétaires.

Nous sommes ensuite retournés à l’hôtel pour récupérer un sac avec quelques affaires dont nous avions vraiment besoin pour le voyage, et nous avons laissé l’autre à l’hôtel (il nous aurait été impossible d’être à deux sur la moto avec deux gros sacs). Puis nous avons rejoints June, notre couchsurfeuse, chez qui nous avons décidé de rester 2 nuits, histoire d’avoir une journée de plus pour tester le bolide et acheter quelques accessoires.

June a 23 ans, elle est contrôleuse financière. Comme à notre habitude, nous avons saisi toutes les opportunités pour poser des questions sur le mode de vie et les us et coutumes locales. Nous avons ainsi appris qu’ici, comme en Chine, le gouvernement régule la natalité depuis 1988, car le Vietnam est un petit pays (superficie équivalente à la moitié de la France) qui compte déjà plus de 88 millions de personnes. La population est très jeune et l’âge médian est inférieur à 30 ans, contre 40 en France.

Les couples vietnamiens ont le droit à 1 ou 2 enfants, peu importe le sexe, il n’y a pas de pressions particulières pour avoir un garçon comme c’est le cas en Chine. June a 3 grandes sœurs, ce qui implique que ses parents n’ont pas respecté cette limite. Elle nous a expliqué que son père a été « punit » pour cela : à la naissance de sa troisième fille, il a été rétrogradé de poste dans son entreprise, il a aussi subi des pressions sociales et la famille a été condamnée à payer des taxes. Mais cela ne l’a pas empêché d’avoir une quatrième fille!

Au cours d’une conversation nous avons abordé le sujet du divorce. Il semble que celui-ci soit de plus en plus couramment pratiqué mais qu’il reste très peu accepté par les familles. Les vietnamiens croient notamment que les enfants de parents divorcés peuvent avoir une mauvaise influence sur leurs enfants, c’est pourquoi ils les empêchent parfois de se fréquenter.

Le mariage au Vietnam est très important notamment car il marque le début de la vie en couple. Il est fortement souhaitable de se marier avant l’âge de 30 ans c’est pourquoi les jeunes subissent une forte pression de leur famille pour se marier rapidement.

June vit en couple avec Linh, qui est organisateur d’évènements publicitaires, depuis plus d’un an dans un petit appartement à Hanoï.

Linh, June, Méla & Flo

Linh, June, Méla & Flo

Ils ne sont pas mariés et par conséquent leur relation n’est pas bien perçue, surtout par les plus vieilles générations… Nous en avons longuement discuté le soir de notre arrivée. June nous a expliqué qu’ils ne se cachent pas, mais qu’ils évitent de trop en parler. Ses parents à elle sont au courant, mais pas les parents de son copain car ils sont plus conservateurs et ils pourraient leur imposer de se marier rapidement s’ils l’apprenaient. Jusque là ils ont réussi à cacher le fait qu’ils vivent ensemble car les parents de Linh vivent à la campagne et ne viennent que très rarement à Hanoi.

Cette première soirée fut aussi l’occasion de manger des Banh Cuon, sorte de crêpe de farine de riz, enroulée et garnie principalement avec de la viande de porc haché et des champignons noirs qui est bonne à manger avec du nước mắm ou de la sauce de soja et du jus de citron.

Le lendemain matin nous avons été réveillés par quelqu’un qui tambourinait sur une porte d’entrée à 9h du matin. Nous étions persuadé que c’était chez un des voisins, jusqu’à ce que June monte nous voir toute paniquée et nous informe que le père de Linh était en bas, apparemment plutôt en colère. Il semblait à la recherche de son fils et de la preuve qu’ils vivent ensemble sans leur approbation. June et Linh étaient terrifiés, ils se sont enfermés dans la chambre et nous ont demandés de faire croire au père que nous étions seuls dans la maison. Il nous fallait également expliquer que June vit avec une amie, et insister sur le fait que Linh n’habite pas ici. Nous avons eu beau cacher les chaussures, la brosse à dents… il nous était impossible de cacher le scooter de Linh donc notre mission s’annonçait difficile. Comme on s’y attendait son père n’a pas cru un mot de notre histoire, il est monté dans les étages pour les chercher et Flo a dû l’empêcher de fracturer la porte de leur chambre. De plus dans cette situation, notre faible niveau de vietnamien combiné à son faible  niveau d’anglais limitait beaucoup la conversation.

Au bout d’une demi-heure environ il a fini par partir. June et Linh n’étant pas dupes ils ont compris que c’était l’heure de vérité. Ils n’en étaient pas moins paniqués et nous ont dit qu’il y avait de sérieuses chances pour que leurs parents exigent qu’ils se marient le plus vite possible. Pour calmer la situation, ils ont demandés aux parents de June de à ceux de Linh de se rencontrer et se parler. Après l’orage ils les ont rejoints en ville pour discuter. Nous n’avons pas eu tous les détails mais à priori tout est rentré dans l’ordre et ils n’ont finalement pas eu d’ultimatum pour le mariage. Ce début de journée fût surprenant pour nous, mais surtout stressant pour eux!

Nous avions la moto, préparé nos affaires mais pour être tout à fait prêts à partir il nous fallait encore trouver 2 bons casques, un moyen d’attacher notre gros sac à dos sur le petit porte bagage et un antivol car la moto est tellement vieille qu’il n’y plus de système à clé pour la démarrer. Il faut savoir que les vietnamiens ne portent pour la plupart que des pseudo-casques ressemblant à une casquette en plastique, dont certains sont mêmes percés pour que les filles puissent laisser passer leur cheveux…

Casques vietnamiens !

Casques vietnamiens !

Nous avons finalement réussi à trouver des casques acceptables pour environ 15€ chaque (le haut de gamme en fait). L’après-midi fut consacrée à faire fabriquer chez un ferrailleur un plus gros porte bagage que l’on pourra fixer sur l’actuel ainsi qu’acheter un antivol.

June et Linh nous ont rejoints en fin d’après-midi pour nous faire découvrir l’un des plus vieux cafés de Hanoi : le café Lâm dans lequel on l’on trouve du café sous toutes formes: chaud, glacé et même avec du yaourt… pour moins d’un 1 euros. Nous avons décidé de tester le café glacé et celui au yaourt et les deux étaient très bons.

Le café au Vietnam est servi d’une manière originale. Le café moulu est placé dans le filtre (en aluminium ou en inox), du lait concentré sucré est placé au fond du verre, de l’eau chaude est versée dans le filtre. le verre se trouve dans un bol d’eau chaude, pour qu’il reste chaud. Pour faire un bon café, après avoir mis 3 à 4 cc de café (20g), il faut d’abord verser un petit peu d’eau chaude pour humidifier la poudre de café, attendre un moment, puis verser le solde d’eau chaude (suivant la grandeur du filtre à café, jusqu’en haut) et laisser couler lentement le café dans le verre ou la tasse. Du thé vert est servi avec le café pour se changer le goût dans la bouche après avoir bu ce breuvage. Cette tradition d’utiliser du lait concentré sucré fut introduite au cours du 20ème siècle lorsque les français et vietnamiens ont commencé à en consommer pour remplacer le lait frais, dont la disponibilité était très limitée.

Le café de M. Lâm date des années 50, et il a accueilli depuis des dizaines d’artistes peintres. Beaucoup d’entre eux n’avaient pas assez d’argent pour payer leurs cafés donc ils lui offraient régulièrement leurs tableaux. C’est ainsi que les murs du café Lâm furent petit à petit recouverts d’œuvres d’arts, dont certaines provenant des peintres vietnamiens les plus talentueux. Ce lieu est donc une institution à part entière, à ne pas rater lors d’un séjour à Hanoï.

Le soir nous avons été dinés dans un bon restaurant. Le courant est vite passé avec June et Linh, notamment avec l’épisode de la matinée qui nous a vite rapprochés, et nous avons passé une très bonne dernière soirée. Le lendemain nous prenions la route, non sans leur avoir promis de revenir les voir à notre retour.

En route !

En route !

2 Commentaires

  1. En plus de tout ce que vous nous montrez, votre blog est vraiment superbe!

  2. Salut les aventuriers, Je viens juste de m’inscrire mais je suis vos aventures car Richard est connecté sur votre site depuis le début. C’est génial, en plus, votre site est très intéressant et vous suivre à travers tous ces pays nous fait voyager aussi. Merci pour ce partage. Je ne sais pas comment vous avez fêté Noël et comment vous fêterez le jour de l’an, en attendant, je vous souhaite le meilleur pour 2013. Je vous embrasse.