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Tour du monde de Mélanie et Florent

De Siem Reap à Battambang par le lac Tonlé Sap

De Siem Reap à Battambang par le lac Tonlé Sap

A la veille de Noël, nous voulions aller à Battambang en bateau pour fêter noël en compagnie de Vlad et Loréa. Le départ fut complexe car nous ne voulions pas passer par des agences pour acheter nos billets. A l’aube, un tuk-tuk est venu nous chercher à l’hôtel mais nous avons trouvé bizarre que le chauffeur tienne aussi à fixer le prix du trajet retour au cas où il n’y aurait pas de bateau. Nous aurions  dû nous méfier car nous sommes arrivés à un endroit où il y avait effectivement de l’eau et des bateaux mais bizarrement pas celui pour Battambang.

Etant convaincus de s’être fait arnaquer, nous avons insisté pour que le chauffeur nous conduise au bon endroit ou pour qu’il nous rembourse une partie de la course. Il a pris la mouche, déchiré les billets devant nous et nous a laissé en plan au port.

Nous étions à plus d’une heure du bon embarcadère avec toutes les chances de louper le bateau, nous nous préparions donc à faire le réveillon de Noël sur Siem Reap. Et là, curieuse coïncidence ou pur coup de chance, un homme se présentant comme le propriétaire du bateau pour Battambang nous a abordé : il nous a négocié un transfert en tuk-tuk jusqu’au bon embarcadère et nous a assuré que le bateau nous y attendrait. Nous avons finalement économisé 0,5 € chacun : beaucoup de risques pour pas grand-chose.

Embarcadère

Embarcadère

Le trajet en bateau commence sur le lac Tonlé Sap puis suit la rivière Sang Ker qui arrive directement dans la ville de Battambang. Sur le pont, la crème solaire et les habits pour se protéger du soleil sont indispensables : le soleil brûle et le trajet dure entre 5 et 9 heures en fonction du niveau des eaux. Nous étions dans une période assez sèche car nous avons mis 8h et le bateau a touché le fond de la rivière à plusieurs reprises.

Tonlé Sap signifie en khmer « grande rivière d’eau douce », plus fréquemment traduit par « grand lac ». C’est d’ailleurs le plus grand lac d’Asie du Sud-Est. Ce site combinant lac et rivière est de première importance du point de vue écologique, reconnu en tant que biosphère Unesco en 1997.

Le régime d’écoulement de la rivière Tonlé Sap est unique au monde : selon la saison elle coule du lac vers le Mékong, ou du Mékong, alors en crue, vers le lac. Le lac sert ainsi de déversoir au trop-plein des eaux en période de mousson et de réservoir en période sèche. La superficie du lac pendant la saison sèche (février à mai) est d’environ 2 700 km² pour une profondeur de seulement 1 mètre. Quand arrive la saison des pluies (concomitante avec la fonde des neiges de l’Himalaya), la surface du Tonlé Sap est multipliée par six et sa profondeur atteint 9 mètres, noyant rizières et forêts. En volume, cela représente une multiplication par un facteur 70 !

Pour suivre le changement du niveau de l’eau et éviter d’avoir à reconstruire leurs maisons inondées, les pêcheurs se sont adaptés en construisant des villages flottants sur le lac.

Notre balade sur l’eau à la rencontre de ces villages hors du commun est un des moments où l’on a pu observer de très près la vie des cambodgiens. Ici, toute se déroule autour de l’eau et le bateau constitue l’unique moyen de transport voir même parfois l’habitat des pêcheurs. Comme sur la terre ferme, il y a sur l’eau des maisons, des magasins, une place de marché, des écoles, une église, des poulaillers, une porcherie, etc. Nous nous sommes même arrêtés dans un restaurant flottant pour le déjeuner.

Et puis au fur et à mesure que nous avons avancé sur la rivière, nous avons découvert les campagnes avec les terres cultivées et la pauvreté des paysans et leurs familles qui vivent avec quasiment rien. Dure d’imaginer que les conditions d’hygiènes soient vivables : la rivière sert de garde-manger, de réserve d’eau, de poubelle, de salle de bain…

Malgré tout, c’est surprenant de voir tous ces enfants et ces gens qui sourient et nous saluent sur notre passage.

Nous sommes arrivés à Battambang avant la tombée de la nuit, et après avoir trouvé un hôtel et pris une bonne douche nous nous sommes installés à la terrasse d’un restaurant pour réveillonner.

Réveillon de Noël

Réveillon de Noël

Les plats traditionnels cambodgiens étaient très bons et pour marquer le coup nous avons même commandé une bouteille de vin de Bordeaux. Malheureusement, avec le voyage et le soleil qui a tapé toute la journée, nous n’avons pas fait long feu. En rentrant à l’hôtel, Vlad et Loréa nous avaient fait une surprise. Ils nous ont offert une raquette à moustiques électrique pour que l’on puisse dégommer ces saloperies de bestioles qui adorent nous piquer (surtout Méla !).

Le lendemain, après un petit déjeuner au marché, nous sommes partis à la découverte du vieux train de bambous de Battambang qui servait au personnel dans les années 80 pour l’entretien des rails. C’est devenu une attraction touristique étrange : la plateforme de bambous propulsée par un moteur de bateau peut atteindre plus de 40km/h.

Le « train » est carrément flippant car pas sécurisé du tout : il saute à chaque jonction de rails qui ne sont pas entretenus depuis le règne des Khmers rouge.

Les trains circulent dans les deux sens mais il n’y a qu’une voie : ce sont donc les chauffeurs qui doivent anticiper le freinage ! Un des deux wagons doit être désassemblé puis réassemblé pour laisser passer le wagon venant à contre-sens, d’où leur construction légère. On a vraiment bien rigolé mais petit bémol car le contexte a de quoi déplaire : il faut payer l’attraction (5 dollars chacun) à un policier corrompu qui ne reverse quasiment rien aux conducteurs des wagons.

Nous nous sommes replongés dans l’histoire du Cambodge en allant visiter la « Killing cave » (grotte des exécutions), située sur la colline de Phnom Sapeau.

Notre chauffeur de tuk tuk nous a expliqué tremblant et les larmes aux yeux que ses parents et sa sœur ont été tués ici par les khmers rouges. Ils emmenaient les gens pour les exécutés sans utiliser de munitions (en les jetant dans la grotte qui servait ensuite de fausse commune). Les nombreux ossements présents en témoignent. Il nous a raconté cette période noire de l’histoire où pendant 8 mois où il a survécu avec pour seule nourriture quotidienne quelques grains de riz dans un bol d’eau chaude. Sa cuillère en fer était son objet le plus précieux, toujours attachée autour de son cou car, sans elle, il lui aurait été impossible de manger sans se brûler. Les gens étaient tellement faibles qu’ils plantaient le riz assis dans les rizières.

A la fin du règne des khmers rouges, lorsque les vietnamiens ont mis en déroute leurs armées, sa colère l’a poussé à s’engager comme soldat. Depuis le retour du pays à une stabilité politique et son ouverture au tourisme dans les années 2000, il est devenu chauffeur de tuk-tuk.

Les procès des dirigeants khmers rouges ont commencé très récemment, et à ce jour, très peu ont été condamnés. Le premier procès par un tribunal international ne date que de 2009 : l’ancien directeur de la prison S21 de Phnom Penh a été condamné en 2012 à la prison à perpétuité. Pol pot est pour sa part mort en 1998 avant la fin de son procès.

Depuis le site, il y a une très belle vue sur les campagnes environnantes. Avant d’être un lieu stratégique pour les khmers rouges, cette colline servait de lieu de culte. Le temple bouddhiste qui s’y trouve a depuis été rénové.

Pour revenir à un sujet plus léger, il y a aussi juste à côté, une grotte où nichent des millions de chauve-souris. Durant la journée, seule la forte odeur qui se dégage de la grotte peut permettre de remarquer leur présence. Chaque soir, juste avant la tombée de la nuit, elles s’agitent et sortent en flot continu pendant 45 minutes pour aller se nourrir d’insectes dans les rizières et champs des alentours.

C’est un truc incroyable, il y en a tellement que ça crée des nuages dans le ciel !

Le soir alors que nous étions à la recherche de quelque chose à manger, nous sommes tombés sur  une petite épicerie remplie de produits français comme de la crème de cassis de Dijon, de la véritable moutarde, des biscuits Lu, du Nutella, du fromage, du vin, etc.

Bien que les prix étaient élevés nous avons craqué pour un camembert et du pâté. Un vrai cadeau de noël ! Cette longue journée (bien différente des repas de famille habituels) s’est achevée dans un bus de nuit nous permettant de rejoindre Sihanouk-ville, en bord de mer.

Un Commentaire

  1. Salut les baroudeurs

    Bon, même si on sait que vous avez quitté l’Asie depuis un moment, c’est un bonheur de lire votre blog, ça me replonge dans un paquets de très bons souvenirs, surtout du Cambodge qu’on avait adoré!
    Est-ce que vous vous êtes pris des mouches ou autres bestioles volantes sur le « bamboo train »?? c’était notre plus gros souci 😀
    L’invitation au mariage ne m’étonne pas, ils nous avaient aussi paru très accueillants.
    Hâte de lire votre aventure dans le reste du Cambodge: Sihanoukville? Ko Rung island? un peu de débauche, mais tellement de beaux paysages…
    Allez profitez bien, bisous
    Greg